Coupe du Monde Paris 2023 : l’argent pour Lisa Barbelin !

Pour être honnêtes, nous sommes un peu soulagés d’arriver au bout de ce cycle entamé en 2021. En effet, on pourrait se dire que la coupe du Monde de tir à l’arc à Paris va finir par ressembler furieusement à un marronnier ! En 2020, World Archery a décidé d’attribuer l’organisation de l’une des quatre manches de la coupe du Monde de tir à l’arc, pour les trois années à venir, à la Fédération française de tir à l’arc à Paris. Le but est de médiatiser au mieux le tir à l’arc en France et de préparer les Jeux olympiques de 2024.

À Charléty, malgré l’absence de spectateurs, les équipes mettaient l’ambiance (photo : Pierre Lansac)

En 2021, la compétition est bousculée par la pandémie. Les Jeux olympiques ont été retardés d’un an et tous les quotas n’ont pas encore pu être attribués. On décide donc de profiter de la manche de Paris pour organiser le tournoi de qualification olympique où les derniers quotas pourront être attribués. Ce TQO viendra se greffer à la manche des championnats du Monde et les archers (du moins ceux tirant en arc classique) seront en compétition pendant une dizaine de jours ! Une bulle sanitaire est créée. Alors que l’on annonçait des finales dans le cadre prestigieux du château de Vincennes, toute la compétition aura lieu au stade Charléty où les spectateurs brilleront par leur absence. À cette occasion, les Français arriveront à décrocher un quota féminin et un quota pour l’équipe de France masculine permettant d’envoyer quatre athlètes français aux Jeux de Tokyo.

Jean-Charles Valladont semblait dubitatif, il atteindra, malgré tout, les quarts de finale (photo : Pierre Lansac)

En 2022, on remet ça. On retrouve sur les pelouses du stade Charléty, pour les tirs de qualification, près de 400 archers représentant 51 nations. Si les grandes nations sont là, on retrouve aussi les Féroé ou le Sri Lanka. Les finales, cette année-là, auront enfin lieu au château de Vincennes. Le lieu, entre Sainte-Chapelle et donjon de Vincennes, est à la fois prestigieux et spectaculaire. Cette fois-ci, les spectateurs sont au rendez-vous et les gradins sont remplis pour assister au spectacle. Si, du côté des arcs à poulies, les Français font le show lors des phases finales, ce n’est pas vraiment le cas du côté des arcs classiques. On espérait donc que, pour 2023, les arcs classiques répondent un peu plus présent.

Cette année, et pour la dernière fois, la coupe du Monde de tir à l’arc faisait escale à Paris. Premier changement, la compétition avait lieu du 15 au 20 août et Paris était la dernière manche avant les finales qui se sont tenues au Mexique. Second changement, si les tirs qualificatifs avaient toujours lieu au stade Charléty, les finales, durant le week-end, avaient lieu sur l’esplanade des Invalides. La compétition ayant été retenue comme “test event” pour les Jeux olympiques de 2024, la finale a donc lieu là où auront lieu les finales l’année prochaine.

Lors des tirs qualificatifs, tous les archers se côtoient sur les pas de tir ou en cible, peu importe leur niveau (photo : Pierre Lansac)
À 70 mètres, le centre n’est pas bien grand, les flèches l’atteignent pourtant (photo : Pierre Lansac)

On trouvait, cette année, 57 nations et, encore une fois, si les grands noms comme la Corée, les USA, l’Italie ou le Brésil étaient présents, on trouve toujours des petits poucets comme les Bahamas (1 archer et 1 coach), Israël (1 archer) ou la Tunisie (2 archers et 1 coach). La France, avec ses 14 athlètes, fait quasiment carton plein. Chez les classiques homme, on retrouve la génération montante avec Baptiste Addis ou Romain Fichet et chez les femmes, les médaillées de bronze des championnats du Monde de Berlin sont toutes présentes. En arc à poulies, chez les hommes comme chez les femmes, on trouve des noms connus qui, pour certains, ont déjà brillé à Paris l’année dernière mais le contexte est différent cette année car les résultats ne sont pas vraiment au rendez-vous comme l’ont montré les glissements au ­classement mondial.

À seulement 16 ans, Baptiste Addis atteint lui aussi les quarts de finale où il s’incline face à Marcus d’Almeida (photo : Pierre Lansac)

Lors des championnats du Monde de Berlin quelques jours plus tôt, les performances des archers français avaient été pour le moins contrastées. En individuel, à part Sophie Dodémont qui avait atteint les quarts de finale, personne n’avait été plus loin que les huitièmes de finale. La médaille d’argent de l’équipe féminine en arc classique ne parvenait pas à faire passer ce que l’on devait bien appeler une ­contre-performance globale. On espérait donc que les archers français répondraient présent lors de l’événement sans trop oser y croire.

Après avoir fréquenté les pas de tirs en tant que compétiteur, Romain Girouille passe de l’autre côté en devenant, depuis cette année, le coach des hommes en arc classique (photo : Pierre Lansac)

Les premiers jours de la compétition avaient lieu, comme d’habitude, au stade Charléty. Seule différence par rapport aux autres années, celui-ci était débarrassé de sa pelouse pour travaux, ce qui a impacté défavorablement les températures dans l’enceinte. Le samedi, les choses changeaient de dimension. En 2022, on avait été impressionnés par le cadre du château de Vincennes mais cette année, alors que l’on remontait les escaliers de la station de métro Invalides, on sentait dans l’air une tout autre ambiance. Il faut dire que le même week-end avait lieu, dans la Seine et autour du pont Alexandre III en face de l’esplanade, un autre événement test, de triathlon celui-ci, pour les Jeux olympiques. La foule était donc au rendez-vous, les rues étaient barrées, les forces de l’ordre étaient sur place et les lieux était même survolés à intervalles réguliers par un hélicoptère. On pouvait emprunter à pied l’avenue du maréchal Gallieni pour atteindre l’enceinte dédiée au tir à l’arc qui reprenait globalement, si ce n’est en taille réduite, la taille de l’infrastructure qui sera déployée l’année prochaine. Ainsi, les archers tiraient dos au dôme des Invalides, la tour Eiffel sur leur gauche et face à la Seine.

Dernières secondes avant le début des tirs (photo : Pierre Lansac)

On avait espéré voir des Français le samedi lors des finales arc à poulies mais, malheureusement, les résultats de Berlin se confirmaient. Le meilleur homme, Jean-Philippe Boulch, sortait en seizième de finale face au Danois Mathias Fullerton sur le score de 149 à 147. Chez les femmes, Sophie Dodémont ne parvenait pas à faire mieux, sa course étant arrêtée par Tanja Gellenthien 147 à 144. Si l’ambiance dans les gradins était bonne, elle était loin d’atteindre ce que l’on pourrait observer le lendemain ; il faut dire que les averses du samedi matin ont aussi contribué à ­doucher l’enthousiasme des spectateurs.

Ella Gibson semble surprise du résultat. Elle remportera pourtant l’or. (photo : Pierre Lansac)
Si l’on avait déjà connu du tir avec en arrière-plan la tour Eiffel, cette année, c’est le dôme des Invalides qui servait de décor (photo : Pierre Lansac)

On avait espéré voir des Français en finale le dimanche, Jean-Charles Valladont et Baptiste Addis nous l’ont un moment laissé croire mais, finalement, ils s’inclinaient tous les deux en quarts de finale, le premier face au Coréen Kim Woojin qui prendra finalement l’or et le second, après un match accroché, perdait 6 à 4 face au Brésilien Marcus d’Almeida. Le double mixte Barbelin/Valladont tombait lui aussi en quart de finale face aux Taiwanais.

Le dernier carré féminin en arc classique (photo : Pierre Lansac)

Si la matinée a démarré assez paresseusement dans les tribunes, celles-ci se sont brusquement enflammées en début d’après-midi avec l’arrivée sur le pas de tir du seul espoir de médaille française, Lisa Barbelin. En quarts de finale, la Chinoise Hai Ligan avait impressionné en battant la Coréenne An San 6 à 2. Pourtant, la Française, très en forme et portée par son public, expédiait la Chinoise 6 à 0. En finale, elle retrouvait l’Américaine Casey Kaufhold. Le match qui a suivi a probablement (et sans chauvinisme aucun) été l’un des plus passionnants de ces finales.

L’athlète que tout le monde attendait (photo : Pierre Lansac)

Alors que la Française prenait la tête dans le premier set, l’Américaine la rattrapait puis menait 4 à 2 avant une égalisation 4 à 4. Dans le dernier set, Lisa Barbelin finissait par s’incliner 27 à 29 points et empochait au passage la médaille d’argent, une première pour elle en coupe du Monde.

Malgré un match très accroché, Lisa Barbelin devra s’incliner en finale (photo : Pierre Lansac)
Les spectateurs ont porté Lisa Barbelin lors de sa demi-finale (photo : Pierre Lansac)

Alors qu’en 2021, les hommes semblaient représenter les meilleurs espoirs français de médaille pour les Jeux olympiques à venir, il semblerait que pour l’édition parisienne de 2024, les femmes soient les mieux placées pour le moment avec une médaille d’argent par équipe aux championnats du Monde et une autre en individuel à Paris.

Une première médaille en Coupe du Monde qui laisse espérer des développements intéressants pour l’année prochaine (photo : Pierre Lansac)

Sur Facebook, Romain Girouille, le coach des hommes en arc classique, ­faisait un bilan de sa première année et s’annonçait clairement frustré par les résultats obtenus. « De nombreux quarts de finales qui ne se concrétisent pas avec un passage dans le dernier carré, une amélioration de l’homogénéité du niveau de l’équipe hommes… Toutefois, nous ne sommes pas encore au niveau pour rivaliser avec les meilleures nations mondiales. » Il reste à cette équipe de France dix mois pour trouver ses marques et être au meilleur de sa forme pour les Jeux de 2024.

Article de Pierre Lansac, paru dans Tir à l’Arc Magazine n° 62 de novembre 2023.

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