Coupe du Monde Paris 2022 : Nicolas Girard en Or !

L’or pour Nicolas Girard et son arc à poulies… (photo : Pierre Lansac)

Dans l’optique de se préparer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, la Fédération française de tir à l’arc a obtenu ­l’organisation de trois manches de coupe du Monde. En 2021, la manche, qui avait eu lieu en juin, avait été impactée par la pandémie de Covid à plusieurs niveaux. 

Le stade Charléty, dans le sud de Paris, avait aussi servi à accueillir le tournoi de qualifications olympiques qui attribuait les dernières places disponibles pour les Jeux de Tokyo. Les athlètes devaient respecter une bulle sanitaire assez contraignante et surtout, la finale, qui avait été origi­nellement prévue dans le cadre prestigieux du château de Vincennes, avait dû se tenir finalement au stade Charléty devant un public réduit à peau de chagrin. Autant dire que cette année, archers et spectateurs étaient en attente d’un événement revenu très largement à la normale.

Certaines équipes ont moins de moyens que d’autres. Même si le Kazakhstan alignait une formation conséquente, les noms de certains archers étaient fixés avec des épingles à nourrice (photo : Pierre Lansac)

Ce sont 51 pays qui participaient à cette manche. Si les plus grandes nations étaient présentes dans toutes armes chez les hommes et les femmes, ce n’était pas forcément le cas pour tous les pays. Les îles Féroe, par exemple, ne présentaient qu’un compétiteur en arc à poulies, comme le Sri Lanka en arc classique hommes. Certaines nations avaient envoyé une délégation pleine de 16 archers comme les USA, le Kazakhstan ou l’Italie. La France présentait 15 archers. On comptait 4 hommes et 4 femmes en arc classique, 4 hommes en arc à poulies, mais seulement 3 femmes dans cette catégorie. On notait la présence du très jeune Baptiste Addis, 15 ans, pour qui il s’agissait de la toute première sélection en équipe de France. Au total, ce ne sont pas moins de 380 compétiteurs qui foulaient les pelouses du stade Charléty. Pour compléter les chiffres, on peut évoquer les 150 officiels, les 40 000 flèches tirées, et les 166 bénévoles présents pour que tout se passe au mieux.

Les tirs de qualification et les éliminatoires avaient lieu au stade Charléty (photo : Pierre Lansac)

Les qualifications et les éliminatoires se déroulaient du mardi 21 au vendredi 24 juin au stade Charléty. La cour royale du ­château de Vincennes voyait se dérouler le samedi les épreuves arc à poulies et le dimanche, celles d’arc classique. Le matin avaient lieu les finales or par équipes et les finales bronze et or mixtes. L’après-midi, avaient lieu les demi-finales et les finales en individuel. 

Les bénévoles affichaient leur soutien (photo : Pierre Lansac)

À Vincennes, la FFTA avait bien fait les choses. Un village de l’archerie était accessible pour les spectateurs mais aussi pour les visiteurs du château. On y trouvait un stand d’initiation au tir à l’arc, des marques, mais aussi un stand de souvenirs ou encore le musée de ­l’Archerie et du Valois.

La déception dans les yeux de Lisa Barbelin, sortie en 16e de finale par l’Ukrainienne Lidiia Sichenikova sur un tir de barrage… (photo : Pierre Lansac)

À Charléty, si l’accès était interdit au public, pas moins de 500 scolaires étaient présents pour découvrir le tir à l’arc et la manifestation. À Vincennes, le samedi, pour les arcs à poulies, les tribunes étaient assez clairsemées malgré la présence des athlètes qui ne tiraient plus. La pluie dans l’après-midi n’aidait pas. Le dimanche, par contre, les gradins étaient remplis et le public était au rendez-vous pour voir les ­performances des archers.

Le tir mixte est toujours spectaculaire (photo : Pierre Lansac)

Les résultats : Il y aurait beaucoup à écrire à ce sujet. On pourrait, par exemple, évoquer l’équipe masculine coréenne en arc à poulies qui a établi un nouveau record du monde lors des qualifications avec un score de 2 137 points. Ils détrônent les Américains qui avaient été les seuls à le détenir depuis la création de l’épreuve en 2011. On pourrait aussi parler de l’équipe féminine allemande en arc classique qui monte pour la troisième fois sur le podium en trois manches de coupe du Monde cette année, ou traiter de la victoire du Brésilien Marcus de Almeida qui, après avoir été longtemps placé mais pas gagnant, décroche enfin un titre majeur. Mais nous parlerons plutôt de l’équipe de France.

Pierre Plihon sera le dernier Français éliminé. Il perdra en quarts de finale face à Dan Olaru sur un tir de barrage (photo : Pierre Lansac)

La manche de Paris a mis encore plus en avant, s’il en était encore besoin, la dichotomie apparente entre les arcs à poulies et les arcs classiques. Depuis le début de l’année, et les restructurations entreprises par l’entraîneur coréen Oh Seon Tek, les résultats ne sont plus vraiment là pour les arcs classiques. Lisa Barbelin a glissé à la treizième place du classement. À Paris, Thomas Chirault finit 96e des qualifications. Le meilleur français, Jean-Charles Valladont, sort des qualifications à la 38e place. Le nouveau coach a un impact important sur les performances des archers et le travail de reconstruction prend du temps. C’est un pari qui peut sembler risqué à deux ans des prochains Jeux olympiques.

L’équipe masculine française compound remporte la finale et prend la première place au classement mondial (photo : Pierre Lansac)

La 6e place de Pierre Plihon et la 9e place de Jean-Charles Valladont en individuel sont-elles le signe d’un début de mieux ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que le contraste est important avec les performances en arc à poulies. Si la France possède un vivier d’une petite dizaine d’archers poulie de très haut niveau, les femmes sont moins nombreuses, mais cela ne les empêche pas de décrocher des médailles. Le samedi, les arcs à poulies ont brillé tant par équipes qu’en mixte ou en individuel. Jugez plutôt : par équipes, les hommes (Nicolas Girard, Jean-Philippe Boulch et Quentin Baraer), qui ont participé à toutes les finales de la coupe du Monde cette année, décrochent l’or face aux archers turcs et prennent par la même occasion la première place au classement mondial devant l’Inde et les USA. 

Leurs coéquipiers ont bien supporté les Français qui tiraient le samedi en arc à poulies (photo : Pierre Lansac)
Sophie Dodémont décrochera le bronze sous la pluie (photo : Pierre Lansac)

Le mercredi ­précédent, Sophie Dodémont, Lola Grandjean et Sandra Hervé décrochaient le bronze et grimpent au classement mondial pour prendre la 5e place. En mixte, on pouvait aussi suivre la paire Dodémont-Boulch lors de la finale où ils décrochaient l’argent face à la paire indienne sur un score de 152 à 149. L’après-midi, Sophie Dodémont, après une défaite en demi-finale face à l’indienne Jyothi Surekha Vennan, se ressaisissait pour remporter le bronze dans son match face à la Luxembourgeoise Mariya Shkolna dans un match serré 145 à 144. 

Enfin, Nicolas Girard, à seulement 22 ans, retrouvait en finale le Norvégien Anders Faugstad. Il remportait le match 149 à 145, décrochant au passage sa place pour la finale de la coupe du Monde à Tlaxcala au Mexique en octobre prochain. En demi-finale, il avait éliminé Braden Gellenthien avec un 150. Au final, grâce à ses deux médailles d’or, la France sort en tête de cette manche devant l’Inde et la Corée du Sud. 

Les tirs avaient lieu dans la cour royale du château de Vincennes, à proximité de la Sainte Chapelle et du donjon. Qui dit mieux ! (photo : Pierre Lansac)
Le dimanche, la presse était là pendant que la Coréenne Choi Misun remportait le bronze face à la Britannique Penny Healey (photo : Pierre Lansac)

On notera aussi que la France finit en tête en nombre de médailles avec cinq breloques. Au moment où vous lirez ces lignes, la troisième manche de la coupe du Monde aura eu lieu à Medelin du 18 au 24 juillet. S’il y a fort à parier que les arcs à poulies seront de nouveau au rendez-vous, il faut espérer que l’on commencera à voir les premiers résultats des changements effectués chez les arcs classiques.

Une image rare, 12 olympiens français réunis sur une même estrade ! (photo : Pierre Lansac)
Nicolas Girard, en prenant l’or dans le cadre prestigieux du Château de Vincennes, gagne aussi une place pour la finale de la Coupe du Monde (photo : Pierre Lansac)
Ci-dessus, la détermination de l’équipe américaine ne suffira pas, ils s’inclinent, encore une fois, face aux Coréens, sur le score de 6-0. (photo : Pierre Lansac)
L’Américaine Casey Kaufhold ne peut s’empêcher de laisser échapper une larme après avoir reçu sa médaille d’or en mixte avec Brady Ellison (photo : Pierre Lansac)
Le Brésilien Marcus de Almeida laisse éclater sa joie en remportant l’or grâce à une flèche parfaite en tir de barrage face au Coréen Kim Je Deok (photo : Pierre Lansac)

Article de Pierre Lansac, paru dans Tir à l’Arc Magazine n° 57 (août 2022).

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